Archive for the ‘Utopiapiales 2008’ Category

Utopiapiales 4

jeudi, novembre 20th, 2008

(Bloody Friday 2 : La Résurrection )

    

À la sortie de l’échec cuisant conté ci-avant dans Utopiapiale 3, je file m’enterrer en dédicace à la vitesse d’un supersonique qui aurait eu piscine. Je suis rattrapée par Sylvie Lainé et Jean-Claude Dunyach qui sont assez adorables pour ne pas m’accabler et s’abstenir de tout commentaire. Finalement, les tables rondes, c’est un peu comme la … ou bon, bref, les coups de marteau sur les doigts, ça fait un peu mal au… aux doigts, la première fois, après on s’habitue.

 Je ferai sûrement mieux la prochaine. Au moins, j’enlèverai mes lunettes et j’essaierai de sourire niaisement, tiens. Ça les changera de l’air de celle qui va mordre le premier qui essaiera de la faire parler sans un lance-missile en position de tir. Je m’installe aux côté de Sylvie et là, et là…

 

Norman Spinrad vient signer à côté.

 

 

AAAARGH.

 

J’ai failli avoir une attaque.

 

Ou un orgasme.

 

Ou les deux en même temps.

 

NORMAN SPINRAD.

 

Bordel.

 

(Mais pourquoi je hurle, moi ?)

 

Parce que je suis une fan ultime, absolue, définitive. Norman Spinrad, c’est Jack Barron et l’Eternité, Rock Machine et l’Enfant de la Fortune. Le tiercé dans l’ordre. Le beurre et l’argent du beurre et le sourire de la crémière. La sainte trinité.

 

D’ailleurs, jusqu’à voir son nom dans le programme, à Norman, je le croyais au moins déjà enlevé par l’archange Gabriel et en train de gratouiller la vo de 2001 l’odyssée de l’espace aux côtés d’Arthur C. Clarke et Van Vogt, sur une harpe électrique violette.

Eh ben, non.

 

Il se porte comme un charme, Spinrad.

 

Lorsqu’il s’est assis à côté de moi, je commençais juste une dédicace qui a donné à peu près ceci : "Mon dieu, mon dieu, Norman Spinrad est en train de signer à 10 cm de moi, pourvu que je ne m’évanouisse pas avant d’avoir fini cette dédicace. Pardon, pardon, pardon, cher lecteur, j’ai un certificat médical et un mot de ma maman : C’EST NORMAN SPINRAD. (Et pourquoi est-ce que je braille ? *)".

 

(Sinon, à ce propos, cher lecteur, pardon encore une fois. Je le jure, si quelqu’un prend encore le risque de m’éditer un jour, venez chercher un sp, vous êtes LE Lecteur De Ma Dédicace De Spinrad, vous êtes unique, je vous aime.)

 

smourche !

 

Je lui tends un de ses romans au bon Dieu (un de ceux que je n’aie qu’en deux éditions différentes, ça m’en fera trois) pour avoir MA dédicace. Il griffonne : " à Jeanne-A, Norman-S." Et retourne à ses moutons  avec un gentil sourire apitoyé tandis que j’essaie de maîtriser les battements de mon vieux cœur toujours ado, on dirait.

 

Et là…

Et là…

 

Quelqu’un passe, ramasse une pile de bouquins et…

Ce quelqu’un est parti avec mon exemplaire signé par la main de Dieu.

 

Je ne m’en remettrai jamais.

 

 

 

 

 

 

 

(* pour emmerder les sourds, évidemment.)

Utopiapiales 3

jeudi, novembre 6th, 2008

Bloody Friday 1 :

 

C’est en fait une journée extrêmement difficile à raconter.

 Je l’ai vécue dans un brouillard d’angoisse dont émergeaient ça et là quelques îlots de bonheurs intenses et de paniques totales. Sans compter de longues, très longues minutes de ridicules achevés.

 

Dragon dans la brume amasse la loose.

(et paume ses lunettes)

 

Car, pour commencer, je suis passée en mode "semeuse" des 9h du matin. C’est-à-dire que j’ai commencé à perdre et à oublier tout ce que j’avais sur moi (non pas mon slip). Heureusement qu’on avait retrouvé la Gare de Nantes, la veille.

 Dans mon dos, une cohorte de copains consternés – et dont l’agacement montait – organisait la caravane destinée à me ramener mon sac, mon badge, mes gants, mon fric, mes bouquins, ma tête. Je suis naturellement semeuse dans la vie mais là, j’ai passé les bornes du surnaturel. Ma mère prétend que j’étale mon ego pour éviter d’y faire face quand je suis nouée. Et à cet instant précis, je l’étais au point que la solution gordienne m’avait paru seule valide.

Oui.

Oui, j’ai pensé à me faire seppuku avant de monter rejoindre Jean-Claude Dunyach, Sylvie Lainé, Catherine Dufour et Xavier Mauméjean sur l’estrade du bar de Madame Spock afin de disserter à propos du renouveau de la nouvelle de sf.

J’aurais dû.

Sans rire.

Le cousin Machin de la famille Addams aurait été une recrue bien plus utile à mes compagnons. D’abord, il aurait dit des trucs, lui. On n’aurait peut-être pas tout compris mais je ne suis pas sûre que le peu que j’ai marmonné ait été franchement compréhensible non plus. Ensuite, il n’aurait pas mordu métaphoriquement Georges Bormand la seule fois où une phrase articulée de plus de dix mots aurait franchi la barrière de ses lèvres (je parle du cousin là, pas de Georges).

Je crois que j’ai terminé la salve par "j’ai pas pour mission d’éclairer l’humanité". Eh bien, de ce côté-là, aucun danger, j’étais passée en état de singularité tel que j’absorbais le moindre photon passant à portée de mon fauteuil gris.

Deux choses m’ont sauvée :

– la brochette d’amis au fond de la salle qui assistait à la chose comme à la pendaison de Cartouche au moment où il monte sur le gibet et qu’il voit toute sa bande en larmes déssiminée dans la foule :

Anne Fakhouri est allée respirer un grand coup à ma place à un moment donné.

Karim Berrouka me faisait des grimaces.

Raphael Pannassié me ravitallait en café.

Alain Névant soutenait une cloison avec l’aide de Barbara Bessat-Lelarge. J’ai eu peur quelques minutes pour les consommateurs de bières qui papotaient joyeusement de l’autre côté.

– la montre de Sylvie Lainé qui était juste à portée et sur laquelle je comptais les secondes qui me séparaient de la fin de la torture.

En redescendant de l’estrade, j’avais compris la finalité du pilori en tant que supplice.

 

Bon dieu, je n’ai pas le moindre souvenir de ce que mes compagnons ont pu raconter, eux.

La honte totale, je vous dis.

 

 

la cousine Machine et Sylvie Lainé

 

Utopiapiales 2

mercredi, novembre 5th, 2008

Jeudi :

 

Le gros coup de cœur de ce jeudi pour moi, c’est l’arrivée de mon amie Anne Fakhouri au train de Paris.

Magali Duez et moi filons la chercher mais en chemin nous perdons la gare de Nantes. C’est Anne qui nous GPS jusqu’à elle via son portable.

Déjeuner toutes les trois au Vieux Quimper le roi de la crêpe fromage tomate, puis lâcher de bottes cavalières sur le Palais des Congrès.

 

Il faut faire vite, nous avons notre première dédicace Anne et moi à 14h.

 

En traversant la salle Shayol, pour aller faire moi ma Bernard Werberette et elle sa Neil Gaimanette en herbe, j’ai le temps d’entendre Richard Morgan et Hal Duncan donner quelques coups de pieds dans la fourmilière des étiquettes SF/Fantasy. Apparemment, ils ont décidés de déclencher une émeute :

L’un d’entre eux vient de déclarer avec un gentil sourire que la sf n’est qu’une branche de la fantasy*.

Je rentre les épaules des fois qu’une balle se perde du fond de la salle, mais je ricane. J’adore aussi les trublions et la bataille des étiquettes m’a toujours paru d’une redoutable vanité. Pour moi, y’a les bons et les mauvais romans. Point.

Tandis que nous prenons les escalators j’entends s’envoler l’expression, new weird, c’est très joli, ça me plait beaucoup, c’est décidé j’écrirai du new weird.

 

Après un grand envol de cils papillotants de ma part à Gwen, le libraire des Utopiales, un garçon d’une patience infinie avec les emmerdeuses,  pour qu’il nous mette ensemble avec ma keupine, Anne et moi nous nous installons côte à côte.

 C’est une grande première, pour elle autant que pour moi : le premier livre d’Anne "le Clairvoyage" aux éditions l’Atalante sort pour les Utopiales et moi, eh bien je n’avais jamais dédicacé dans un truc aussi monstrueux avec tant de beau monde.

Ce que j’en retiens surtout c’est que nous étions ensemble toutes les deux avec notre travail pour lequel nous nous sommes épaulées l’une l’autre depuis toujours.

Schnirfle, larmes.

 On se reprend.

Cigare au bec, sourire ravageur :

 

 "J’adore quand un plan se déroule sans accroc"

 

Anne Fakhouri

 

 

 

 

Utopiapiales 1

mardi, novembre 4th, 2008

Bonjour, je m’appelle Jeanne-A et je ne me suis pas connectée pendant toutes les Utopiales ! Un jour, je ferai mieux.

 

— Bonjour, Jeanne-A.

 

Bon, ça c’est fait.

  Mercredi, Ouverture. 

Arrivée à Nantes à 15h, je file roupiller dans ma chambre d’hôtel et je fais bien : l’occasion ne se représentera pas de sitôt, la moyenne a été de 4h / nuit max tout le reste du festival.

 

20 heures :

 Branle-bas de combat, RDV avec Magali Duez, Emmanuel Beiramar et Alain Névant pour la soirée d’ouverture. Nous sommes trop occupés à bavasser et à faire un concours de vannes pourries pour écouter les discours, bravo, ça fait sérieux. Je sens que la cuvée 2009 va me plaire. Nous tournons dans le palais des congrès profitant de l’occase pour admirer les œuvres exposées en écoutant l’Urban Orchestra d’une oreille. (C’est mal).

 

Tout le monde se retrouve au LU pour manger vers 22h, Hal Duncan est avec nous. Il a un accent écossais à tomber par terre de ravissement. Je suis amoureuse mais je ne comprends pas un traître mot de sa conversation.

 

 Laquelle conversation vient à tourner autour de Velum, mon taux d’alcoolémie a monté à ce moment-là, mon niveau d’anglais itou. Je comprends tout. Y compris qu’il adore sa couverture. Je lui avoue que pas moi mais qu’il est le principal intéressé après tout, j’ajoute que je suis une fille de la génération Frazetta/ Siudmak : une couv’ de sff doit avoir un barbare au torse huilé, une vorpale épée, une jeune femme dénudée et avantagée par la nature accrochée à ses abducteurs, un lézard ou une méduse quelconques et – s’il reste de la place – une fusée peut décoller dans l’arrière-plan.

Il rigole.

Je ne plaisantais pas, pourtant !?

Comprends pas.

 

Je mets ça sur le compte de mon bilinguisme défaillant et nous passons au contenu du bouquin. Il lui faut 5mn pour me le vendre alors que toutes les critiques parues jusque-là ont eu rigoureusement l’effet inverse. C’est curieux.

 Lorsqu’il susurre "cubist Fantasy", je suis perdue. Je sais que le lendemain j’achèterai Velum dés l’ouverture de la librairie.

Effondrement à l’hôtel.

À demain.

Rideau.

 

 

 

 

 

une petite photo pour graver ça dans le marbre :

 

Hal Duncan