Archive for janvier, 2010

Ne mangez pas l’enfant dont vous aimez la mère

lundi, janvier 11th, 2010

Je suis bien contente, les gars! Ma première nouvelle a été rééditée, et l’antho dont elle faisait partie avec elle.

Ainsi donc l’Ogre de Ciment strikes back aux éditions Actusf. J’aime beaucoup cette nouvelle, sisi, elle est encore un "poil jeune" mais je l’aime beaucoup, c’est ma première née, après tout.

Je l’ai écrite poussée par Anne Fakhouri, l’anthologiste, (et néanmoins merveilleuse amie et talentueuse écrivain) qui estimait à l’époque que je me fourvoyais dans les épopées pentalogiques en trois tomes avec "Conan like" inside. (Mais un jour je le jure, je la ferai mon épopée de fantasy avec lézards à gros seins, guerrier hypertrophié et hypermétrope sanglé d’une vorpale épée et d’une hache à triple tranchant- voui ils seront dans un monde où la dimension métaphysique exigera un tranchant supplémentaire pour tailler dans le gras des méchants- je déconne. Amen!)

Bref l’anthologie était épuisée, il y a eu retirage, modifications, recorrection et voici le nouveau bébé:

 

 

 

 Ma préférée à l’intérieur ? "les ogres font-ils de bons pères" d’Ida Mars

 

Avec lui, mais gravitant dans le même univers, "le sceau d’Alphonse" parait dans une anthologie, toujours, chez Actusf: Les fées dans la ville.

l’année a bien fini (de ce point de vue là).

 

J’aime vraiment beaucoup la couverture d’Eric Scala, pas vous?

 

 

profitons-en pour vous souhaiter une excellente année à tous et voici mon cadeau :

 

L‘Ogre et la Fée

Un brave ogre des bois, natif de Moscovie,
Etait fort amoureux d’une fée, et l’envie
Qu’il avait d’épouser cette dame s’accrut
Au point de rendre fou ce pauvre coeur tout brut ;
L’ogre, un beau jour d’hiver, peigne sa peau velue,
Se présente au palais de la fée, et salue,
Et s’annonce à l’huissier comme prince Ogrousky.
La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.
Elle était, ce jour-là, sortie, et quant au mioche,
Bel enfant blond nourri de crème et de brioche,
Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso,
Il était sous la porte et jouait au cerceau.
On laissa l’ogre et lui tout seuls dans l’antichambre.
Comment passer le temps quand il neige, en décembre
Et quand on n’a personne avec qui dire un mot ?
L’ogre se mit alors à croquer le marmot.
C’est très simple. Pourtant c’est aller un peu vite,
Même lorsqu’on est ogre et qu’on est moscovite,
Que de gober ainsi les mioches du prochain.
Le bâillement d’un ogre est frère de la faim.

Quand la dame rentra, plus d’enfant ; on s’informe.
La fée avise l’ogre avec sa bouche énorme :
As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j’ai ?
Le bon ogre naïf lui dit : Je l’ai mangé.

Or c’était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,
Jugez ce que devint l’ogre devant la mère
Furieuse qu’il eût soupé de son dauphin.
Que l’exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin ;
Adorez votre belle et soyez plein d’astuce;
N’allez pas lui manger, comme cet ogre russe,
Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien…

 Victor HUGO, Toute la lyre, (1861)