Archive for avril, 2008

La Vieille Anglaise et le continent, novella aux éditions griffe d’Encre

mardi, avril 22nd, 2008

            C’est parti, les gens !

 

            LVA a émergé des abysses, je ne me lasse pas d’en contempler la couverture où s’étale mon nom à moi que j’ai.

            Ego.

            Je.

            Argh.

            C’est pas possib’, c’est pas possib’.

 

            Je suis zébu, ou oryx, ou alors impala. Bref un truc qui saute partout gaiement dans la savane (marbrée, de Brossard) en pleurant sa mère d’émotion non contenue – mais pas trop fort parce que la mienne a horreur de la SF. Ne lui dites pas que j’en écris, elle me croit pianiste dans un bordel et occasionnellement danseuse à l’éventail.

            Pourvu que ça dure.

 

            LVA c’est une longue histoire.

 

             Au départ, je l’ai écrite pour un destinataire inattendu : Roland  C. Wagner qui avait lancé un Appel à Textes "spécial cétacés". Le projet ne s’étant pas concrétisé, je l’ai soumis à Griffe d’Encre, Magali Duez m’a gentiment tapoté sur le crâne et m’a dit " C’est bien ça, ma chérie ! Développe un peu, pour voir.".

            Et… nous voilà ce soir.

(Ah bon, j’avais dit qu’elle était longue, mon histoire ? Oui, mais y’a deux ans dans ces cinq lignes, si)

 

            Fin de l’historique de navigation.

            Fermez I.E

            Merci.

            …

 

           Ok, tapez pas, je continue. 

           

            L’inspiration qui a présidé à la naissance de cette histoire est bien plus ancienne que cela.

            En fait, elle date de ma rencontre avec une jeune fille de dix-sept ans, encore américaine en ce temps-là, prenant des notes fébrilement lors d’une sombre affaire de baby-sitter. Elle arborait une expression de concentration féroce sur son visage ingrat.

             J’étais bien plus jeune qu’elle à l’époque, mais pas assez pour ne pas percevoir le tragique et l’injustice de sa situation. Rien, dans sa très brillante carrière consécutive ne put me faire changer d’avis à ce sujet, et j’en voulus longtemps à son illustre père qui l’avait si mal départagée. Malgré son cerveau haut de gamme, la petite ne pouvait se targuer que d’un corps, au mieux fonctionnel, et de capacités à l’empathie et aux relations sociales réduites à leur plus simple expression. La solitude et la frustration, l’aigreur même, seraient son lot tout au long de sa vie.

            Je n’ai jamais vraiment pu l’avaler. Depuis j’ai pardonné au Papa. Pour l’époque, il avait fait de son mieux, un mieux un peu minable, certes,  presque pire qu’un bien, mais il l’avait fait ce qui n’était pas le cas de tout le monde. Bien sûr, d’autres avaient réalisé des mieux vraiment meilleurs cependant on conçoit avec ce qu’on a, pas avec ce qu’on voudrait. Bref, il lui fut pardonné.

            Ego te absolvo, Pater.

 

            Il me restait en outre une solution : donner une seconde chance à la gamine. C’est ce que j’ai tenté ici mais croyez-moi, avec son putain de caractère ce ne fut pas chose facile…

  

             J’espère seulement ne pas avoir fait pire que votre créateur et que votre deuxième existence, votre seconde mort, vous satisferont un peu plus,

Susan Calvin.

Et révérence, toujours humble, à Isaac Asimov.

Je croise mon squelette

samedi, avril 19th, 2008

je croise mon squelette
qu’une faveur de fourmis manians porte à sa demeure
(tronc de baobab ou contrefort de fromager)
il va sans dire que j’ai eu soin de ma parole
elle s’est blottie au coeur d’un nid de lianes
noyau ardent d’un hérison végétal
c’est que je l’ai instruite depuis longtemps
à jouer avec le feu entre les feux
et à porter l’ultime goutte d’eau sauvée
à une quelconque des lointaines ramifications du soleil
soleil sommeil
quand j’entendrai les premières caravanes de la sève
passer
peinant vers les printemps
être dispos encore

vers un retard d’îles éteintes et d’assoupis volcans.

Aimé Césaire, point final.

En attendant le Bus Galactique

jeudi, avril 17th, 2008

 

            Des étudiants en virée pour fêter leur diplôme, quoi de plus banal ?

            Sauf que ces deux-là, êtres de pure énergie, ont dessoulés sur notre planète aux alentours de -30 millions d’années. Leurs potes, las de les attendre, se sont tirés ; ils reviendront les chercher un jour…

            L’un des deux frères, brillant généticien et exobiologiste, se fait suer en attendant, alors il donne un tout petit coup de pouce à l’évolution intellectuelle d’une tribu de singes tout près de leur bivouac…

            30 millions d’années plus tard, c’est le bordel intégral :

             Un nouvel Hitler risque de faire son apparition aux States, et les deux frères espèrent faire un peu de nettoyage du labo avant le retour tout proche de leurs copains. Heureusement qu’ils peuvent compter sur Judas, Jésus, un joueur de saxophone et l’assassin d’Abraham Lincoln.

            Faut dire qu’ils risquent d’avoir de sacrés comptes à rendre…

            Un roman à la fois rigolo, tendre et profond, très profond même, que je conseille à tous. Moi ,ça fait une bonne dizaine de fois que je retourne attendre ce bus-là, je ne le regrette jamais. Une pinte de bon sang et une grosse dose d’intelligence, ça fait toujours plaisir 🙂

 

 

confinement pour risques majeurs

lundi, avril 14th, 2008

Le professeur de latin interrompt le film en demandant :

            — Dites-moi en quoi cette scène extraite du film  Jules César relève de la haute fantaisie hollywoodienne?

            Un grand jeune homme l’air timide lève le doigt et répond :

            — Ils sont tous debout le verre à la main autour du buffet, on dirait l’anniv’ de mariage de mes parents …

            Un autre interrompt :

            — C’est peut-être la casio au poignet de Jules, Madame ?

            Il y a un temps d’arrêt, personne n’avait remarqué ce détail et le professeur s’apprête à demander doucement à l’impétrant s’il a bien connu César pour se permettre de l’appeler par son petit nom. Mais une sirène stridente interrompt tout cela tandis que la voix du Principal du collège, tel l’ange embouchant la première trompette, glace l’assistance :

            — Confinement pour risque majeur. Les professeurs et leurs classes doivent regagner au plus vite leur base prévue.

            Les élèves aguerris se contentent de saisir le manteau et se rangent bien en rang, deux par deux. Ce qui prouve bien que c’est faisable nonobstant  leurs protestations véhémentes passées lors des fins de récréation. Le professeur prend la tête du cortège après ce bref avertissement :

            — Restez en rang, ne courez pas. Si l’air est contaminé, vous respirerez beaucoup plus de cette saleté que si vous marchiez tranquillement.

            Le matheux du groupe prend l’air songeur, le professeur l’entend presque effectuer les calculs sous son scalp embroussaillé, mais elle ne lui laisse pas le temps de se lancer dans la contestation probabiliste :

            — On y va.

          

           La salle F est en vue. Deux classes y sont déjà installées dans le plus grand désordre. Le professeur de latin réprime à grand-peine l’envie de claquer la porte DEVANT elle. Mais on ne se refait pas quand on est né responsable, elle respire un grand coup – tant pis pour les vapeurs toxiques – et rentre.

            Ça cause haut et fort, la cantine de secours n’est pas ouverte, l’appel n’est pas fait. Le prof de latin inspire à nouveau pour aboyer :

            — 4°A, contre le mur du tableau, 4°B sous les hublots, 4°C, le mur mitoyen.

            Ce sont les parois les plus éloignées ou dépourvues de fenêtres. Pendant ce temps, elle clôt les stores avec deux de ses collègues tandis que le professeur de musique se saisit du talkie-walkie dans la cantine et annonce très pro :

            — Salle F, effectifs complets, terminé.

            Ça dure deux heures. Tous les quarts d’heure, la voix de l’Ange Protecteur grésille sur le talkie et exige le point sur les effectifs, les blessés potentiels, les ressources à disposition. Les élèves vautrés par terre en profitent pour se faire des papouilles sous les tables, plus ou moins discrètement, ou discutent sotto voce, voire les deux. Le professeur de latin respire mal, déteste tout et tout le monde et rêve de se jeter par la fenêtre.

            Tout se passe donc bien jusqu’à ce que l’extraterrestre de service intervienne :

            — Madame ?

            — Oui, répond le professeur de latin avec lassitude

             Elle ne connaît pas cet élève, mais sent une tension soudaine dans l’assistance et se prépare donc au pire.

            — Si c’est la centrale nucléaire qui pète de toute façon, le talkie-walkie ne fonctionnera pas, c’est stupide.

            Sourire torve du petit malin.

            Le silence tombe sur la salle, les latinistes ricanent, l’extraterrestre non plus ne connaît pas le professeur de latin.

            — Tu penses à l’effet électromagnétique à la suite de l’explosion ? Selon toi ça fusillerait toute l’électronique c’est ça ?

            L’extraterrestre est un peu soufflé, c’est le cas de le dire, il pensait seulement mettre le prof en difficulté. Au lieu de ça, elle rétorque sérieusement :

            — Je ne sais pas si Tchernobyl a eu cet effet-là, je ne crois pas. Cela dit, les risques majeurs comportent d’autres possibilités que le danger nucléaire, à ce moment-là les talkies-walkies resteront de première utilité.

            À ce stade de la conversation, le ton a radicalement changé : les deux interlocuteurs commencent à s’échauffer, ils ne s’opposent plus : ils créent un monde à eux deux. Leurs mains volent devant eux pour appuyer leur point de vue, soutenir celui de l’autre. Et ils continuent gaiement tous les deux à deviser de fin du monde et de post-apocalypse, énumérant les risques auxquels on peut s’attendre compte tenu de l’environnement technologique de la région, son potentiel sismique, une ou deux guerres conventionnelles ou pas, leurs conséquences, ce qui pourrait servir ou non, les résultats au niveau santé. Bref, ils ne s’ennuient pas une minute sur fond de cataclysme planétaire.

            Autour d’eux en revanche, l’atmosphère s’est assombrie, on ne discute plus on murmure et la consternation accompagne la conversation passionnée et terrifiante des deux malades mentaux.

            Fin d’alerte, le talkie-walkie grésille une dernière fois.

            L’extraterrestre prend congé du professeur de latin avec un joyeux :

            — Au prochain confinement, Madame.

            — Avec plaisir, répond-elle souriante.

            Et c’est sincère :

 si elle n’est pas confinée avec l’extraterrestre au prochain exercice, le professeur sait qu’elle restera dehors, cette fois.

Fata Organa in anthologie la Terre Editions Griffe d’Encre

mercredi, avril 9th, 2008

Fata Organa est sortie cet hiver dans l’anthologie pour laquelle elle a été écrite, j’en suis très fière, surtout qu’apparemment elle a plu pas mal à ses lecteurs.

C’est quand même l’idée de base de l’auteur qui écrit pour être lu, hein?

 Alors, à vous tous qui m’avez bien fait plaisir, mon chapeau bas et mes baisers, Lecteurs, Vous sans qui…

(Courbette, chapeau à plume dans la poussière devant la statue du lecteur inconnu auquel je jure ici de ne jamais lire la lettre de Guy Moquet)

Bref.

Et puis Dieu a Dit que je devais avoir un blog, alors je Lui ai répondu:

 "Hélène (Ouais, Dieu s ‘appelle Hélène, ça vous défrise ? Crom, c’était déjà pris. Mais des fois, quand même, je l’appelle Magali, Dieu, ça dépend ) tu déconnes!"

Depuis, aux divers salons, sur le net et dans la vie, les retours sont arrivés. On m’a posé pas mal de questions et deux d’entre elles m’ont scotchée. Je voulais y répondre, finalement il va servir à un truc ce Blog :

1- Le vécu dans Fata Organa

-a) Y’en a

-b) Y’en a aussi (de la pomme)

-c) J’ai été deltiste par exemple (modeste, je volais comme une poule et avec la même grâce)

-d) J’ai bien été mariée (mais grâce au ciel, pas à Didier) et les deux Tarés du Vésuve existent (sisi)

Et voilà c’est tout. Et si ça fait "vrai", tant mieux, c’est quand même le but. Mais bon, non, je raconte pas ma vie dans mes nouvelles, ou alors de façon beaucoup, beaucoup plus vicelarde que ça, mes loulous croyez-moi Wink

-e) Et euh… en fait, je cracherai pas du tout sur l’idée de coucher avec Rutger Hauer (avec ou sans additifs féériques) mais je vous promets que c’est le dernier truc "vécu" ou "non vécu".

  

2 – la guerre des sexes dans Fata Organa :

Eh bien ça, avec ou sans pomme, il n’y en a pas. Oui, 3 mecs sur 4 sont de sombres andouilles dans cette histoire ; oui, 100 pour 100 des nanas sont sympas et marrantes, mais elles l’ont facile : elles sont 1. ça aide de suite pour les stats.

 Il se trouve juste que c’est comme ça. il n’y a aucun symbole. Dans la vraie vie, vous pouvez tomber sur trois crétins puis sur un régiment de clairs intellectuels à l’esprit pénétrant (au moins) et acéré, là, dans Fata Organa, mon Alix n’a pas encore rencontré le régiment. C’est tout. Je ne vais quand même pas être obligée d’en inventer un sympa et drôle à chaque fois pour prouver que je ne suis pas sexiste, un nègre mâle du pentagone en quelque sorte, un mâle politiquement correct…

Le politiquement correct, comptez pas sur moi pour ça Wink

J-A D.

Un Blog, un BLOG, te dis-je !

mercredi, avril 9th, 2008

 

– Tu auras un blog.

-Il faut avoir un blog.

-Tu dois avoir un blog !

– FOR IN TRUTH THOU SHALST WRITE A BLOG !

 

Je ne sais pas vous, mais quand on me parle sur ce ton biblique – même en anglais – j’ai tendance à obtempérer. C’est donc chose faite :

j’ai un blog.

Amen.

J-A D.